La controverse Bayonetta 2 – Wii U

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En effet, il existe actuellement une terrible controverse qui suscite presque autant de remous qu’une mauvaise bande annonce à 2 $ sur youtube et quelques caricatures.
Sauf que la fervente agitation, c’est le petit monde des gamers qui la subit (gamers est peut être à mettre entre guillemets…).

Avant de tailler dans la cellulite du sujet, ce préambule va finir par une annonce préventive : ce post sera empli de bien-pensance (peut être) et de conformisme prosaïque et consensuel (et fumer tue).
L’objet du délit, l’annonce de la sortie prochaine de Bayonetta 2 en exclusivité sur Wii U.

Chasse aux sorcières

Bayonetta, c’est la célèbre adoratrice des sabbats fétichistes, ou plus sérieusement l’épopée de la sorcière quand même vachement bien gaulée dans un jeu PS3 et X-box 360 plein d’action et de décalage. Je ne vais pas vous refaire l’article, je suis un fan de Platinum games et rien que le fait qu’un autoradio dans ce jeu passe une musique d’Outrun me conforte dans l’idée que les gens de chez Platinum sont foncièrement bons (et ont de bons goûts). Je dois d’ailleurs un de ces quatre plaider mon penchant pervers pour le Tps Vanquish ici même.

Jaquette de Bayonetta 1 (c) Sega / Platinum games – (c) Microsoft

Alors comme beaucoup, j’ai succombé aux charmes vénéneux de la sombre donzelle, mais aussi à son gameplay fouillé, à ses attentions pour joueurs, à sa légèreté pleine de sous-entendus et comme beaucoup j’espérais, que dis-je, je fantasmais une suite. Et elle a été annoncée il y a peu, pour mon plus grand bonheur.

Mais un point pose problème à certains, et là commence la grosse polémique, suprême offense, le jeu est sur Wii U, damned !, et Nintendo va aider à sortir le jeu, oooh my god !
C’est là que va intervenir mon conformisme, je ne prendrai pas le contre-pied de ce qui doit se dire chez ceux qui se pensent les plus raisonnables, mais tout en étant aussi excessif que possible je l’espère.

Cela a déjà du être écrit, mais quel est cet esprit de chapelle qui anime ainsi la ludosphère mondiale ? Je sais que ce post commence avec des allusions à des faits touchant au religieux, mais mon incompréhension de la foule des haineux haters qui déferlent et crient au scandale me laisse aussi perplexe que devant la vraie actualité. N’étant pas le dernier à être dogmatique ou véhément (et prêt à des actions comme une pétition quand ça me gonfle trop), je peux comprendre en général la fronde et la grogne quand elle est justifiée.

Ici, point de raison, que l’émotion du cultiste qui se sent trahi, est-ce un mal propres aux jeunes adultes caucasiens (la majorité des réactions dont j’ai été témoins viennent d’ici ou des states, je ne lis pas le japonais) que de raisonner en affiliation par consoles ou ordis pour la matière des jeux vidéos ?

Un peu d’Histoire mon fils

Car de tout temps dans notre beau pays, et certainement ailleurs dans le monde (mais je connais pas assez les joueurs des autres pays, je n’ai pas grandi avec, pour pouvoir avoir une vue d’ensemble), il a été de bon ton de croire au support hardware qui faisait tourner les jeux, pour le vénérer, le glorifier, le déifier et enfin détenir la vérité.

Une vérité révélée, qui met le joueur élu au dessus de tout autre, c’est ça le mystère de la religion.
Alors, il a été crée le schisme, qui permet d’exister face à l’autre, le grand schisme est généralement dual mais il a su se faire trinité à certaines époques.

Pour les grandes croisades vidéo-ludiques en résumé, les plus vieux et bourrus n’oseront peut être pas se remémorer l’affrontement viril mais stérile Amiga vs ST. Plus proche de nous, la grande et longue Saint-Barthélemy de Sega contre Nintendo qui a laissé plus de traces entres certains joueurs qu’entres les deux grandes firmes, surtout quand on voit la connivente convergence de certaines licences « ennemies » qui se croisent aujourd’hui très pacifiquement.

La trinité fut faite avec ces apostats de chez Nec, qui se retirèrent bien vite pour vœu de silence (forcé par la cuisante pc-fx), mais plus tard le frère Sony entra dans l’ordre vidéo-ludique comme on rentre en pénitent, à genou et en catimini, avant de se relever avec fracas et de remiser à sa cellule le constructeur Sega, qui dut se reclure alors dans le sacerdoce de l’édition de jeux (avec les difficultés qu’on connaît, les voix du software sont impénétrables).
Les temps changent, mais les prophètes aussi, Microsoft, pape despotique de l’informatique bureautique mondiale, s’est joint à cette fervente procession et nous revoilà coincés avec une trinité de machines pour nous commander tous.

Trinité aussi bancale qu’un saint esprit en quête de matérialité, puisque seules deux de ces firmes sur trois sont généralement considérés par les bonnes âmes comme pourvoyeuses de vrai bon « game vox dei ». Nintendo serait là pour amuser les enfants et ses consoles condamneraient à l’enfer éternel du casual gaming ou du jeu de danse pour pré-adolescente.

Opus Sony, Microsoft ex machina

Ce discours vous rassure-t-il lecteur ? Cela doit, aussi irrationnel que cela puisse paraître, pour beaucoup d’entre nous, vous suivez aveuglement le livre, ici la console ou la marque du fabricant de console. Quand c’est un impératif économique, et qu’il n’y a qu’une machine par foyer, on se rassure peut être ainsi. Mais il y a toujours un parent, un ami pour avoir une console ou un ordi différent avec d’autres jeux, on peut toujours s’ouvrir à des plaisirs variés. Cependant, la tentation de brandir son étendard est forte, ne jamais avouer que l’herbe pourrait être plus verte ailleurs, protégeons nous en protégeant notre crémerie.

Ce n’est pas nouveau, et certains sur ce blog diraient même ringard.
Mais il est ici question de jeux, et de jouer à ces jeux. Qu’importe le hardware pourvu qu’on ait l’ivresse, fini les bondieuseries, surtout quand on évoque la sulfureuse Bayonetta.

Jaquette de Bayonetta 1 (c) Sega / Platinum games – (c) Sony

Oui, ça m’apparaît stupide ces gens qui se dressent au nom du jeu, du vrai jeu, avant d’avoir quelques éléments de preuve, pour fustiger une décision de raison. Sega, distributeur historique des produits Platinum, se casse la trombine financièrement, Nintendo vient aider le studio en récupérant ainsi une belle franchise dans son escarcelle. Grand bien leur fasse, Sony et Microsoft ne sont pas des enfants sans défenses, le marché est ainsi fait, ouvert à tous, la messe est dite pour les histoires de gros sous.

La grande question de cette controverse est plutôt : est-ce que le joueur en général (vu qu’il semble que le hater n’ait pas de frontières) a besoin de son appartenance communautaire à la grande secte des possesseurs de telle ou telle marque pour se rassurer ou a-t-il peur d’exercer un individualiste libre arbitre qui lui permettrait de ne pas condamner la belle sorcière au bûcher avant de l’avoir pratiqué ?

A mon avis, vu comme il est besoin de tout étiqueter comme dans les genre musicaux, de se ranger dans des cases, de se complaire dans l’idolâtrie consumériste de totems socio-technologiques (comme les die-hard fans d’Apple), de s’enfermer dans ces identités pseudos tribales dont le signe ostentatoire de richesse ou de bon goût serait ici la marque de console (ou mieux « PC » vs « consoles », encore plus clivant), ça ne sera pas un jugement objectif qui attend cette sortie, mais des anathèmes réciproques des visions du monde ludique qui se confrontent (pour une fois au moins, je suis dans le camp des gentils presque raisonnables avec mon prêchi-prêcha barbant). On amène pas un âne à l’abreuvoir quand il n’a pas soif.

Une réaction possible du sujet de la controverse – Illustration Globo

Il est amusant de voir qu’un croyant en colère, quel qu’il soit, sera très difficile à faire changer d’avis. Là on est pourtant dans le futile et le divertissement, donc ouvrez vos esprits mes frères.
Pas que j’appelle à la béatitude œcuménique, surtout que les constructeurs ont maintes fois rivalisé de coups très critiquables dans la petite histoire vidéo-ludique : Nintendo et sa politique commerciale agressive et ses prix prohibitifs à l’époque Super Nintendo par exemple, Sony, Microsoft et Nintendo et leurs belles preuves de rapines dématérialisées avec les propositions de vieux jeux maintes fois amortis et ressortis à un coût défiant tout crédibilité (car plus que gratuit se serait trop cher, vivement un jour la tombée dans le domaine public de certains jeux historiques).
Cela serait à critiquer, comme beaucoup d’aberrations de ce marché porté par ces constructeurs parfois peu scrupuleux, aussi au niveau hardware, comme la gadgetisation rampante avec la 3D de la 3DS, la vaste blague de Kinect, etc…

La sortie d’un jeu attendu, un outrage ? Là je ne comprends pas, comme si le support allait influer sur le jeu.
En majorité, Nintendo a proposé sur sa Wii ce qui est appelé « casual game », mais si mes souvenirs sont bons, un des premiers Platinum games, n’est-ce pas Madworld ? Sur Wii ? C’était déjà une gageure graphique avec ce magnifique parti pris à la Sin city et on ne peut pas dire que le jeu soit du Just dance ou fasse dans le tricot.

Et dans d’autres genres et autres éditeurs, le trépidant et magnifique Sin and punishement 2 (un des meilleurs shoot Treasure même si c’est un Space Harrier like), le vaste et léché Xenoblade chronicles, le massif et addictif Monster hunter tri, le sublime rejeton de Vanillaware, Muramasa : the demon blade, autre firme dont je suis fan, c’est aussi sur Wii. Je n’ai pas vu la marque de l’infamante souillure du « casual » mes chers coreligionnaire hardcore gamers, et même si les exemples ne sont pas nombreux, ils valent bien le salut de l’âme de la Wii et son achat (encore plus si sort Dragon Quest X).

Le bûcher des hérétiques

L’important c’est le jeu, et pas la console. Cela devrait être le credo de tout vrai joueur. Le hardware, c’est de l’onanisme de geek, une belle architecture interne c’est sympa dans l’absolu et l’abstrait, mais ce n’est pas très jouable en soi (et en plus ce sont parfois les plus belles architectures qui sont les plus pénibles à programmer pour donner des bon jeux). C’est juste un moyen pour nous conduire à la divertissante extase du JV. En plus, honnêtement, ces supports consoles hi-def spoliant de plus en plus vos droits de consommateurs sont aussi de redoutables chauffages d’appoint ou pierrades expresses, mutant vers des pc sans clavier, en moins bien et plus vite dépassé. Je dois être un sale gamer défroqué de peu de foi.

Et pour blasphémer au nez et à la barbe de cette hystérique fronde pseudo-hardcore, j’ajouterai qu’en avoir une grosse, de console, n’assure pas d’avoir de bons jeux, pour ceux qui ne jurent que par la next gen de la next gen.
Sinon Radiant historia sur DS ne serait pas mille fois meilleur qu’un Final fantasy XIII sur PS3, Castlevania portrait of ruin DS n’humilierait pas Lord of shadows sur X-box 360, pitoyable God of war like parés d’oripeaux grossiers singeant la célèbre franchise aux chasseurs de vampires de Konami.

La puissance n’est rien sans de bons jeux à proposer, la DS de Nintendo qui rend des coups de hardcore game à Sony ou Microsoft, ça doit faire mal à la certitude. Etrian odyssey ce n’est pas sur console hi-def de salon. Et les exemples sont nombreux, il n’y a pas de vérité absolue de la console sur les jeux, sauf pour les convaincus aux arguments tellement limités qu’on reverrait de piquer leurs œillères pour ne pas avoir à les lire par accident sur les sites d’informations de jeux vidéos.

En plus, Nintendo cherche à réorienter sa stratégie vers les joueurs jugés purs et durs (pas si durs que ça quand on les voit chouiner parce que tel jeu ne sort pas dans leur paroisse) et ce titre du coup, avec son exclusivité, s’imbrique parfaitement dans ce cadre. Un peu de logique dans une stratégie Nintendo ces derniers temps, j’ai envie de dire que ça fait du bien, et je suis pourtant loin d’avoir des actions dans cette firme.

Alors camarades joueurs, attendez de voir avant de juger, surtout que ces exclusivités ne durent que le temps de formuler une promesse généralement, et si vous avez besoin d’un guide (pas spirituel, un conseil juste) pour rendre hommage à Bayonetta sans vous ruiner ou vous ré-équiper, achetez le jeu, même d’occaze puisque c’est encore permis, et jouez chez un pote qui aura une Wii U, au pire, sur la Wii U de votre petite cousine.
Personne ne vous oblige à acheter la machine, ou à l’acheter neuve. Une console pour un jeu ? Je l’ai déjà fait, quand on aime vraiment, on compte, mais l’occasion, les promos ou les bonnes affaires existent.
Et puis, sur Wii U, il y aura un futur, d’autres jeux seront annoncés qui seront, qui sait, d’autres raisons d’acheter « l’infâme bête du jugement dernier ». Pour faire un parallèle, la 3DS ou la Vita, c’est personnellement cinq jeux sur chacune à prendre absolument. L’achat se justifiera donc à un moment, même si cinq c’est peu. Et la Wii U ce sera pareil.

Sale habitude peut être que de jouer aux jeux et de les apprécier, parce qu’au final, sur Gamedaba, on doit avoir toutes les consoles du monde à force.

Alors peut être qu’on est bien placés ici pour trouver qu’il n’y a pas de console maîtresse absolue qui domine, a dominé, ou dominera le monde ludique avec sa sainte vérité et immaculée perfection (oh le vilain moralisateur).

Soyez les apôtres des jeux, ne vous fourvoyez pas dans les querelles de machines en n’égrenant que le nombre de polys, le frame rate ou la grosse taille de leurs mémoires vidéos.

Tout ça pour défendre les tribulations goguenardes d’une hérétique de sorcière allumeuse ^^… Je ne suis pas prêt de sauver mon âme. En tout cas, je suis impatient de toucher à cette nouvelle œuvre de Platinum games, sur n’importe quel support proposant un pad. Amen + LoL !

 

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