Cérémonie d’ouverture

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À travers les âges du jeu vidéo se sont créés et ont été entretenues des cérémonies, des coutumes. Amenées soit par des croyances ou de véritables contraintes techniques et ce particulièrement autour des consoles de jeu.
Souffler sur les connecteurs d’une cartouche, mettre sa console dans une position particulière, allumer la télévision avant l’équipement électrique,…

C’est particulièrement au début d’une session que les coutumes, parfois inconscientes, se sont concentrées. Ainsi, j’étais étonné par une connaissance qui allumait toujours la console avant la télévision. J’ai mis du temps à comprendre qu’il gagnait quelques précieuses secondes de jeu, puisque la chauffe de la télévision, dont l’allumage n’était alors pas instantané permettait aux divers écrans qui défilaient pendant ce temps sur l’écran de passer inaperçus.

Et pourtant, ce moment d’allumage, lorsque la console boot et envoie son jingle sonore et visuel, m’a toujours semblé faire partie de l’expérience. C’est le portail qui amène au jeu. Le son qui ouvre les portes d’un moment de détente.
Un peu comme l’idée de prendre le petit café du matin (pour les amateurs) et sa préparation est toute aussi important, voire plus, que le café lui-même, la séquence de démarrage opère une sensation agréable. Un signal.

Il y a des entrées en matières plus réussies que d’autres, de la Dreamcast et son tourbillon timide au mythique jingle en deux temps de la Playstation 1 (le second annonçant que le disque ayant été reconnu, il y avait une chance que l’on puisse jouer). De l’intro incisive et énergique de la Gamecube à la bouilli d’orchestre de la Playstation 3.

Du bip sec et froid d’un PC qui démarre à la suite des bruits d’un bras de lecteur de disquettes amenant le jeu en mémoire.

Cela vient d’une contrainte technique : faire patienter le joueur le temps que le système démarre. Cette contrainte a cependant créé un instant magique, le moment où il est temps de distribuer les manettes aux joueurs et de poser la paquet de chips, le moment, qui persiste jusque dans le jeu, où on se lance des défis.

Le moment parfois, et de plus en plus souvent, cassé par des écrans de logos publicitaires interminables, gâchant tout ce qui a été gagné en émotion dans ces simples sons de démarrage.

Le moment qui veut être effacé par la volonté d’offrir un accès instantané au jeu, sur les plateformes de passe temps de type Facebook ou sur les jeux-jouets des téléphones portables.

En mettant l’accès au jeu au bout de l’instantanéité, le moment du passage du réel à l’imaginaire est gommé, effacé.

L’envie de jouer rapidement, sans contrainte a enlevé ce passage vers le merveilleux. La transition délicieuse de l’accès à l’univers du jeu vidéo.

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A propos Mokona

Mokona a commencé à programmer dès l'âge de 3 semaines. Dans sa tête dans un premier temps et pendant quelques années. En 1998, il fait de la programmation de jeu vidéo sa profession. À présent, il parle de lui à la troisième personne dans un résumé biographique.

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