Très certainement un des jeux les plus marquant de la génération précédente de consoles, Journey est un jeu atypique, dont on a beaucoup parlé depuis sa sortie, et dont on parle encore, la preuve, je me décide enfin à dire ce que j’en ai pensé ici.
Un jeu ou une expérience ?
Le jeu est développé par ThatGameCompany, connu pour Flow, Flower, et Cloud pour les joueurs PC, des jeux déjà assez particuliers.
Journey est présenté sur le site officiel comme une parabole interactive, une aventure en ligne anonyme, permettant d’expérimenter le passage d’une personne dans la vie.
Parfois qualifié de « non-jeu » par des gens qui n’ont visiblement pas compris ce qu’ils faisaient avec leur manette, ou encore de « Balade interprétative » par Kelesis, Journey est bel et bien un jeu, mais également une expérience interactive étonnante.
Quand t’es dans le désert, depuis trop longtemps…
Lorsque vous appuyez sur Start, votre personnage apparaît, seul dans le désert. Il sera accompagné par quelques rapides explications sur les commandes du jeu qui après coup sembleraient presque de trop. Et puis plus rien, seulement du sable à perte de vue. Vous êtes libre, tellement libre que vous ne savez pas forcément pas quoi faire.
Est-ce quelqu’un est sensé venir vous chercher ? À bien y regarder, il y a l’air d’avoir des choses au loin, et puis il y a cette lumière… Vous décidez de marcher… C’est sur ce premier choix que débute votre voyage.
La solitude
La solitude est pesante, vous ne pouvez pas crier pour appeler quelqu’un mais juste chanter. Alors, vous vous mettez à chanter… Vous marchez et vous chantez tout seul…
Des fois, des éléments de décors semblent réagir à vos chants, en dégageant une sorte d’énergie. Vous trouverez des élément brillants, certainement emplis de cette même énergie, des bouts de tissus volent ici et là, vous emportant parfois dans les airs, et vous constatez que votre écharpe brille elle aussi, et s’allonge, symbolisant peut-être votre propre énergie… En tout cas, vous vous rendez compte que plus cette écharpe est longue, plus vous pouvez voler longtemps…
Si vous avez décidez de jouer en ligne, c’est à peu près à ce moment là que vous commencez à voir du mouvement.
Vous n’êtes pas seul finalement ! Qui est ce personnage qui vous ressemble et qui a l’air aussi perdu que vous ? Vous chantez ! Lui aussi ! Peut-être allez vous marcher ensemble vers cette lumière, peut-être qu’il va aller voir ailleurs… Peut-être que vous avez besoin de lui ? Mais comment lui dire ?
Au départ dans un désert sans fin, vous arrivez progressivement dans des constructions immenses qui vous donneront vraiment l’impression d’être une toute petite chose. Et vous recroiserez peut-être d’autres voyageurs perdus comme vous, qui avancent, et tentent de comprendre…
Qui a construit tout ça ? Qui sont-ils ? Qui sommes-nous ?
A la fin de chaque chapitre, vous verrez sur une fresque animée, qui vous montre des personnages blancs. Qui sont-ils ? Marchent-ils vers la lumière comme vous ?
Vous continuez votre chemin tout en cherchant des réponses à toutes ces questions…
Oh c’est beau ! Allez viens on s’casse…
Journey a obtenu plusieurs prix lors des DICE Awards 2013, récompensant notamment sa direction artistique et ses musiques, et ce n’est pas immérité.
Visuellement Journey est très agréable, l’impression d’être un tout petit personnages dans d’immenses décors nous fait penser à Ico ou Shadow of the Colossus, et étant donné le rythme du jeu, on s’autorise à faire par moment une petite pause avec son compagnon de voyage du moment pour contempler les décors…
Et en ce qui concerne les musiques, même si elles ne sont pas inoubliables, elles jouent un rôle important pour l’ambiance globale du jeu, voire très important lors de certains passages.
Un jeu accessible, mais pas fait pour tout le monde…
Comme je le disais au début, il y a une sorte de mini tutoriel au tout début vous explique les quelques interactions possibles, et on pourrait clairement s’en passer tellement elles sont simples.
Vous ne pouvez pas perdre, et il n’y a qu’un chemin, mais votre aventure ne se déroule pas toute seule, vous devez interagir avec des éléments, des choses vous empêcheront de progresser, et il faut donc faire attention, éviter et lutter d’une certaine manière contre ces éléments.
Le jeu en ligne vous permet de croiser d’autres joueurs, de manière anonyme, il n’y a qu’à la fin que vous verrez les noms des gens avec qui vous avez voyagé, ainsi que le symbole qui apparaissaient quand ils chantaient. Les autres joueurs surgissent à un moment, et disparaissent parfois, sans que vous ne puissiez rien y faire, ils sont libre, vous aussi.
Le voyage se termine en moyenne en moins de trois heures.
Pour ceux qui ne lâchent pas un jeu sans avoir trouvez tous les trophées, il y en a quelques-uns pas forcément évident à obtenir, il vous faudra donc recommencer le jeu plusieurs fois, mais c’est vraiment le premier voyage qui est marquant.
Si vous cherchez un jeu avec des mécaniques complexes à comprendre et à utiliser pour détruire froidement des hordes d’ennemis violents, ben… Vous n’avez pas choisi le bon jeu. Ici, les mécaniques sont simples, il n’y a pas d’ennemis, pas de boss de fin de niveau, et pas vraiment de défi.
Pour certains il s’agira d’un simple voyage contemplatif, pour d’autres Journey a été une puissante expérience émotionnelle, mais il y a aussi des joueurs qui se seront profondément ennuyés. Journey est donc accessible à tous, mais il n’intéressera pas tout le monde…
Je pense personnellement que Journey est une oeuvre vraiment importante, et je conseillerais à tous d’y jouer, mais je ne me mouillerais pas en disant que vous allez l’aimer, car c’est véritablement une expérience personnelle.
Journey est disponible exclusivement sur Playstation 3 en dématérialisé depuis mars 2012 et il est également sorti en version boite dans une compilation avec Flow et Flower en août 2012 aux USA, puis en juin 2013 en Europe.
Un voyage inattendu
J’ai essayé dans cet article d’en parler sans trop en dire, mais c’est vraiment compliqué.
Je vais maintenant partagez avec vous ce que j’ai ressenti en jouant à Journey, si vous avez l’intention de jouer à ce jeu, je vous invite à arrêter la lecture de suite, et d’y revenir quand vous l’aurez fait, parce que là je vais quand même un peu spoiler.
J’avançais simplement au départ, sans trop me poser de questions, jusqu’à la fin du premier chapitre, et ce que j’ai pris pour une première vision, avec ce grand personnage, la première fresque animé et ses personnages en blanc.
La première chose que je me suis dit, c’est que ces personnages blancs représentaient les joueurs, c’est à dire vous et moi. De ce point de vue là, si on débloque tout dans le jeu, on se rend effectivement compte qu’on peut être un personnage en blanc.
Et puis à partir du deuxième chapitre je me suis dit : Ce grand personnage symbolise ceux qui font que je suis en train de jouer.
Cela regroupe aussi bien le créateur du jeu, que ce joueur qui après l’avoir testé aura su avec son témoignage me donner envie de jouer. Il est là à me dire « Moi aussi j’ai fait ce voyage, nous l’avons tous déjà fait ! ». Oui c’est un peu « mystique » tout ça… Mais c’est vraiment ce que j’ai pensé sur le coup !
D’autres ont vu dans ce grand personnage un parent, ou un proche disparut, c’est dire à quel point on peut être capable de faire ressortir des choses en jouant.
Bien sûr, au fur et à mesure que j’avançais, ma façon de percevoir le jeu allait évidemment dans le sens de l’œuvre telle qu’elle est décrite par ThatGameCompany, plus la fin approchait, plus cette impression était forte. La vie est un voyage…
Comme je vous le disais, au départ j’avançais simplement, et pas forcément très enthousiaste, mais curieux. Et j’ai ressenti progressivement un vrai plaisir à faire ce voyage.
Et, c’est après un véritable effort pour mon personnage, qu’il y a eu cet écran blanc puissant que j’ai pris comme la fin de mon voyage, et la force de cette ambiance sonore… Les larmes sont montées sans prévenir, pas ces larmes de tristesses qui viennent accompagnées de sanglots, mais des larmes de sérénité, qui ont parfaitement accompagné la suite que je n’attendais pas de mon voyage, et qui m’ont permis d’accepter et de comprendre la fin…. Ma fin.
Je suis ce qu’on appelle un hypersensible, donc ce n’est pas si rare que je pleure, mais d’habitude je sens venir les choses, et quand il s’agit d’un jeu, c’est plus sur une musique que sur une situation que je suis capable de verser une petite larme !
Là je me suis fait surprendre avec un écran blanc, probablement parce que j’étais vraiment en train de réaliser comment je percevais ce voyage.
Journey est donc rentré dans le club très fermé des jeux qui m’ont fait pleurer, et restera un jeu marquant de cette génération, pour tout ceux qui l’ont fait et on su l’apprécier.