Ingress, le MMORPG sans RP

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J’ai joué à Ingress pendant six mois. Une expérience intéressante qui m’a au moins permis de varier les chemins pour aller jusqu’à mon boulot. Et que j’ai arrêtée par la même lassitude que j’éprouve avec les MMORPG.

Ingress est un jeu géolocalisé, c’!est a dire qu’il réagit à l’endroit où vous vous trouvez, ou plus exactement a l’endroit où se signal votre terminal. Le jeu est même entièrement basé sur votre position puisqu’il se situe dans une sorte de réalité parallèle, en surimpression d’une sorte de Google Map.

Dans le jeu, vous jouez le rôle d’un agent d’une des deux factions possibles. Comme dans tout MMO, soit vous êtes vraiment concerné par l’histoire, soit vous trouverez tout simplement dans le camp des verts ou le camp des bleus. La plupart des communication de votre groupe parleront de toute façon en termes de couleurs de camp et non de leurs noms.

Que font les agents ? Ils placent des portails à des endroits précis, tirent des liens entre ces portails et forment des champs (des zones) qui font gagner, outre les points d’expériences qui ne servent rapidement plus à rien, des unités de contrôle qui forment un score personnel, local, régional et global.

En hackant les portails, on peut gagner des objets qui permettent de protéger ses portails et d’attaquer les portails de camp adverse. Du drop.

La règle sur la pose des liens qui rend le tissage intéressant est qu’un lien ne peut pas en croiser un existant. On ne peut pas tirer de lien à l’intérieur d’un champ adverse. Il va falloir donc se coordonner si on veut espérer construire des champs vraiment importants.

La vue Ingress du monde

La vue Ingress du monde

Les débuts

J’ai commencé à jouer à Ingress alors qu’il était à la fin de la beta. À part un écran de jeu particulièrement illisibles , les composants du jeu étaient quasiment tous là. J’ai donc commencé à trouver les portails dans mon champ d’action, à tirer quelques loin et à monter mes niveaux.

Il y a 8 niveaux, et globalement, ces niveaux forment un long apprentissage qui sera facilité si vous intégrez un groupe local, avec lequel vous pourrez organiser des rencontres ou les niveaux les plus hauts vous boosterons le temps d’une session.

Encore un composant classique d’un MMO. Cependant, ici, la rencontre IRL est pratiquement obligatoire. Si comme moi vous ne vous intéressez pas à cette partie du jeu, vous allez galérer un peu plus. Soloter dans Ingress, c’est difficile. Le jeu est même entièrement axé sur les actions de groupe.

Visiter le coin

Les portails sont forcément localisés à des endroits remarquables. C’est une des conditions d’acceptation du lieu par les modérateurs. Le design derrière est bien entendu d’éviter de partir à la recherche de lieux qui n’existent plus. Il y a bien entendu une justification dans l’histoire… Enfin je crois.

Le gain immédiat pour le joueur est qu’il accède à une nouvelle vue de son environnement. Un petit coup d’œil à la carte du jeu vous indique les points intéressants qui vous entourent. Je me suis retrouvé à regarder mes trajets différemment, à découvrir des choses que j’avais croisées pendant des années sans les voir. À prendre une rue alternative et tomber sur un lieu remarquable qui était à deux pas de ma route habituelle.

C’était vraiment un moment plaisant.

Au bout d’un moment, j’ai voulu moi aussi partager les endroits que je trouvais remarquables et qui n’avaient pas encore été enregistrés. Il suffit pour cela de se mettre au bon endroit, de prendre une belle photo, de donner un titre, de corriger les coordonnées éventuellement, puis d’attendre.

Je n’ai eu que des refus. À chaque fois, l’endroit était considéré comme ne respectant pas les points nécessaires à en faire un portail. Points que j’avais scrupuleusement lu et relus. Bon. Ça refroidi, mais soit, il y a peut être d’autres conditions.

Là où j’ai franchement été agacé, c’est quand j’ai vu l’apparition d’un portail basé sur décoration de Noël. Alors que les lieux temporels sont expressément mentionnés comme illégaux par les règles de modération.

Ce portail a été signalé comme invalide par moi comme par d’autres… Et n’a jamais disparu.

Comme dans les MMORPG, les modérateurs sont plus conciliants avec les uns qu’avec d’autres. La seule explication que je voyais était que le portail avait été proposé par un joueur très actif.

Les petites guerres

C’est à ce moment, vers le milieu de mon expérience totale de jeu, que j’ai commencé à m’intéresser à la communauté. Et là, j’ai encore bien retrouvé la sensation d’un MMORPG. Groupes à l’intérieur des groupes, tricheurs, mauvais joueurs, personnes désagréables, remous lorsqu’une personne est mise au ban d’un groupe et se met à pourrir l’expérience de jeu des autres par vengeance.

Le mauvais comportement d’une minorité qu’on ne peut ignorer à cause du bruit qu’elle fait et qui gâche le jeu.

Ces petites guerres vont jusqu’à un combat pour les photos représentant les portails. Comme plusieurs photographies peuvent avoir été prises pour le même portail, le jeu propose un vote pour décider de la plus représentative. Forcément, cela se transforme en guerre entre clans, entre photographes, voire en bourrage d’urne pour faire passer une photo mise en scène potentiellement désobligeante pour l’autre camp.

Et là encore, les mots échangés sortent du domaine du rôle. Le fait que Ingress soit un jeu en réalité augmentée dans lequel on s’implique physiquement et socialement IRL, mêlée à la faiblesse du background et de sa narration , fait que pour beaucoup de joueurs, le rôle est impossible à jouer. Ils sont l’agent, sans distance.

On joue autour du monde

On joue autour du monde

Tout autour du monde

J’ai senti venir la fin de mon expérience de jeu lors de mon premier déplacement à l’étranger. Pour tirer des liens très longs, il faut avoir des clés (l’objet nécessaire et qui ne se trouvent qu’au portail correspondant) qui voyagent. Quitte à les donner à des joueurs actifs.

J’avais déjà pu faire voyager des clés du sud au nord de la France et inversement. Mais pas encore depuis l’étranger. Cependant, depuis une chambre d’hôtel avec le wifi, il y a peu de chance d’avoir un portail à porté d’action. Et inversement, une fois dehors, il y a peu de chance d’avoir un point d’accès Wi-Fi à portée.

Ainsi, pour être efficace à l’étranger, pas de mystère: il faut un abonnement data adéquat. Certain profiteront certainement de leur téléphone professionnel, mais pour les autres, il faudra investir.

Et j’arrivais là au point dont je fais l’expérience dans chaque MMORPG : le choix entre un jeu limité ou l’investissement grandissant en argent, en plus de celui en temps. Quelle frustration de ne pas pouvoir utiliser le jeu pour découvrir des points intéressants, comme je le fais en France.

Je ne suis qu’une IA

Le coup de grâce en ce qui concerne ma participation à ce jeu vint un matin où, en consultant la carte virtuelle, je m’aperçois que tout est couvert par la couleur du camp adverse. Impossible  de tirer le moindre lien. Tout au plus est-il possible de hacker mes portails habituels.

Un petit regard sur les discussion de la communauté m’apprend qu’une opération de France envergure a permis de créer un champ géant, à l’échelle!le de plusieurs pays. C’est beau à voir. La synchronisation entre je ne sais combien de personnes pour arriver à ce résultat m’impressionne… puis me déprime.

Non pas à cause de la pensée qu’une synchronisation pareil pour des buts nobles et non pas un jeu ferait encore plus plaisir à voir. Non. Tout simplement qu’à ce stade du jeu, je suis ‘out’. Je n’ai aucun moyen d’agir sur la situation, et d’après ce sue j’en vois, les joueurs actifs de ma communauté locale non plus. Les moyens à déployer sont physiquement énormes et demandent une implication profonde dans le jeu.

Je n’ai aussi aucune envie de me lancer dans une telle implication. Ce qui a peut être inspiré des joueurs à faire autant voire mieux me montre que pour les joueurs de haut niveau, je ne suis qu’une IA : un obstacle plutôt bien programmé dont les actions non prévisibles mettent du piment au véritable jeu.

J’ai déjà eu cette impression dans d’autres MMORPG : ma présence en jeu permet de créer de la vie et dédouane les concepteurs de la programmation d’IA crédibles. La masse générale des joueurs est là pour augmenter l’expérience ludique des joueurs les plus impliqués, ceux qui mangent et respirent le jeu en question.

Une semaine après l’événement en question à continuer à hacker quelques portails et tirer un ou deux liens, j’ai arrêté de jouer. Cela n’avait plus aucun intérêt. Mes actions n’avaient aucune espèce d’importance pour le jeu, et j’avais découvert tous les coins intéressants le long de mes trajets quotidiens.

Toujours plus fort

Même après avoir arrêté de jouer, puis désinstallé l’application, j’ai continuer à regarder les mails des organisateurs du jeu regroupant les annonces et mentionnant les faits remarquables.  J’ai pu assister à des opérations encore plus vastes que celle qui m’avait ôté le goût de ce jeu. De belles opérations conjointes entre les deux camps pour dessiner des motifs sur la carte virtuelle de la Terre. Je suis impressionné.

J’ai assisté aussi aux rapports de grands meetings, de mariages aux couleurs du jeu, et de tout ce qu’engendre habituellement une communauté tirée de MMORPG.

Et le RPG ?

Ingress partage donc bien un grand nombre de caractéristiques avec les MMORPG. Il partage  même cette grande caractéristique du désintéressement de la plupart de joueurs pour le end du jeu : son histoire, son background. C’est un jeu technique, à fort investissement. Intéressant à découvrir pour le principe, car il marque une nouvelle manière de jouer, à grande échelle. Intéressant pour la sensation de ‘deuxième monde’ qu’il procure.

Si ça vous tente, équipez-vous de votre smartphone ou tablette, d’une batterie de recharge et d’un bon forfait et c’est parti.

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A propos Mokona

Mokona a commencé à programmer dès l'âge de 3 semaines. Dans sa tête dans un premier temps et pendant quelques années. En 1998, il fait de la programmation de jeu vidéo sa profession. À présent, il parle de lui à la troisième personne dans un résumé biographique.

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